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Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/154

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je me consolais par cette pensée que ma résignation plairait à mon mari.

Dès-lors je compris cette grande, cette terrible vérité, si vraie qu’elle ressemble à un paradoxe :

« Lorsqu’une femme aime passionnément… les ordres les plus injustes… les traitements les plus barbares, loin de diminuer son amour… l’exaltent davantage encore ; elle baise pieusement la main qui la frappe, ainsi que les martyrs, dans leur ravissement douloureux, remercient le Seigneur des tortures qu’il leur impose… »

On vint me demander de la part de M. de Lancry si je pouvais le recevoir avec M. Lugarto. Je lui fis répondre de passer chez moi.

Quelques instants après, Gontran et son ami entrèrent.

Le portrait que mon mari m’avait fait de ce dernier me parut frappant.

M. Lugarto était d’une taille grêle, et mis avec plus de recherche que de goût. On retrouvait dans ses traits, quoiqu’agréables, le type primitif de sa race : un teint pâle et jaune, un