Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/155

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nez écrasé, des yeux d’un bleu vitreux et des cheveux bruns.

Sa physionomie maladive avait une expression de suffisance, d’astuce et de méchanceté, qui me repoussa tout d’abord.

— Ma chère amie, permettez-moi de vous présenter M. Lugarto, le meilleur de mes amis.

Je m’inclinai sans pouvoir trouver une parole.

— Lancry m’avait bien dit que vous étiez charmante, mais je vois que ses éloges sont encore au-dessous de la réalité, — me dit M. Lugarto avec une sorte d’aisance protectrice et familière.

Je ne répondis rien.

Gontran me fit un signe d’impatience, et se hâta de dire en souriant à son ami :

— Moi qui n’ai pas la modestie de madame de Lancry, moi qui jouis de ses succès comme s’ils étaient les miens, je vous avoue, mon cher Lugarto, que je suis très sensible à votre suffrage.

— Et vous avez raison, mon cher ; vous le savez, je ne m’enthousiasme pas facilement. Or,