Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/161

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— Mon ami, je trouve qu’il fait bien chaud ici, — dis-je à M. de Lancry en interrompant M. Lugarto dont le cynisme me révoltait ; — voulez-vous entrer dans le salon ?

— Pardon, — me dit M. Lugarto, — je voudrais à peu près prendre la mesure de cette serre avec ma canne ; je veux vous envoyer quelques magnifiques passiflores du Brésil et d’autres plantes très rares que j’ai envoyé chercher en Hollande ; il faut que je voie si elles tiendront ici.

— Monsieur, je vous rends grâce… Les fleurs qui garnissent cette serre me suffisent.

— Mais elles sont affreuses, ces fleurs ! c’est toujours du goût de ce M. de Rochegune. Quand on a les choses, il faut les avoir complètes… Tenez, Lancry, moi, par exemple, j’ai voulu envoyer cet hiver chercher des plantes équinoxiales en Hollande ; comment m’y suis-je pris ? j’ai fait construire un énorme fourgon vitré et disposé en serre chaude avec un petit poêle à vapeur ; le tout a été si parfaitement établi, que, bien que ce fourgon fût venu en poste de la Haye, pas une des vitres qui le couvraient n’a été brisée.