Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/167

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rité saurait que j’ai été l’ami d’un grand « peintre !… »

— Avouez, — dis-je à Gontran en remarquant avec joie que le coup avait porté, et que M. Lugarto ne pouvait dissimuler sa contrariété, — avouez qu’il n’y a rien de plus délicat, de plus charmant que la conduite du prince.

— Oui, en effet… c’est charmant, — dit M. de Lancry avec embarras en me faisant un signe d’impatience et en me montrant du regard M. Lugarto, qui, les yeux baissés, mordait la pomme de sa canne.

Malgré mon désir de plaire à Gontran, je continuai.

— N’est-ce pas, mon ami, que cela rehausse à la fois le grand artiste capable d’inspirer un tel sentiment, et le véritable grand seigneur capable de ressentir et d’exprimer ainsi l’amitié ?

Gontran avait tâché de m’interrompre par quelques signes ; j’avais été trop outrée contre M. Lugarto pour résister au plaisir de le mortifier.

J’y parvins ; je le vis à la pâleur de cet