Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/168

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homme et à un autre regard de haine, regard morne et froid qui m’alla au cœur, pesant comme du plomb.

M. Lugarto, néanmoins, ne se déconcerta pas ; il reprit avec une imperturbable assurance :

— Je ne connaissais pas cette histoire du duc de Penthièvre ; elle est fort jolie, mais elle ne me convertit pas. Je préfère ne pas passer pour un niais aux yeux des artistes et ne pas me donner la peine de faire de la délicatesse avec eux. Mais j’y pense, j’ai justement une vue de Naples, de Bonnington, qui ferait à ravir le pendant de votre vue de Venise, mon cher Lancry ; je vous l’enverrai avec ces fleurs que j’ai promises à votre femme.

— Mon cher Lugarto, je vous en prie…

— Allons… vous faites des façons ?… entre amis, pour un malheureux tableau… Qu’est-ce que cela ?

— Eh bien ! je suis de votre avis, on ne doit pas faire de façons entre amis pour un tableau. Permettez-moi donc de vous envoyer ma vue de Venise, qui fera tout aussi bien pendant à votre vue de Naples.