Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/170

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cry. — Eh bien ! elle a tort, car elle finira par reconnaître que je vaux mieux que ma réputation… C’est un défi, prenez garde à vous, mon cher ; je serai peut-être forcé de faire ma cour à votre femme pour la faire revenir de ses préventions… Vous le voyez, je ne vous prends pas en traître, Lancry, je vous préviens.

— Vous serez toujours le plus grand fou que je connaisse, — lui dit Gontran en l’emmenant et en le prenant par le bras.

Je restai plus stupéfaite encore de la patience de Gontran que de l’insolence de cet homme. Je cherchais à pénétrer quel pouvait être le secret de l’influence qu’il exerçait sur Gontran, lorsque celui-ci rentra.

Pour la première fois je vis sur ses beaux traits une expression de colère qui les défigurait.

— Mon Dieu ! Madame, — s’écria-t-il en fermant la porte avec violence, — je ne vous avais pas encore vu exercer cette méchanceté d’esprit dont j’avais entendu parler dans le monde ! Mais vous auriez pu, ce me semble, ne pas choisir pour victime mon meilleur ami !