Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/177

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mait sans doute autant que parce qu’on l’enviait davantage…

Je saluai madame de Ksernika, je m’assis près d’elle.

C’était une très jolie femme, blonde, grande, mince, d’une taille et d’une tournure charmante ; ses traits, d’une extrême régularité, avaient presque toujours une expression hautaine, boudeuse ou ennuyée ; ordinairement elle fermait à demi ses grands yeux bleus un peu fatigués. Cette habitude, jointe à un port de tête assez impérieux, lui donnait un air plus dédaigneux que véritablement digne… Polonaise, elle parlait notre langue sans le moindre accent, mais avec une sorte d’indolence et de lenteur presque asiatique. Quoiqu’elle fût d’une superbe élégance, elle se recherchait encore plus dans sa parure que dans sa personne.

À peine fus-je assise auprès de la princesse, que M. Lugarto vint se mettre derrière moi sur une chaise, et me dit familièrement :

— Eh bien ! est-ce que vous êtes encore fâchée ?… Vous voulez donc la guerre ?… —