Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/195

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calomnie était détruite par son exagération même.

— Eh bien ! alors de quoi vous plaignez-vous ? Si Gontran n’y croit pas, si M. de Mortagne n’y croit pas, quel mal vous ai-je fait ? J’ai peut-être empêché un évènement sinistre, voilà tout ; laissez-moi donc tranquille.

— Voilà tout, Madame ? Et pourtant vous l’avez vu, je n’ai pu résister à la violence de cet horrible coup.

Je ne pus retenir mes larmes en prononçant ces derniers mots. Mademoiselle de Maran se leva, vint à moi, et prit un accent presque affectueux :

— Allons, allons, calmez-vous ; sans doute j’ai eu tort, chère petite, j’ai voulu faire le bien à ma façon… je m’y suis mal pris, parce que je n’en ai pas l’habitude. Que voulez-vous ? dans cette occasion j’ai peut-être agi comme une vipère qui se serait crue une sangsue… mais il faut pourtant tenir compte à cette pauvre vipère de sa bonne volonté.

Cette hideuse plaisanterie me révolta.

— Je vous connais trop, Madame, pour croire à un bon sentiment de votre part ; votre mé-