Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/196

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chanceté même ne se contente pas du présent, elle embrasse l’avenir et le passé ; ces paroles, vous ne les avez pas dites sans en calculer le résultat ; elles cachent quelque odieuse arrière-pensée qui ne se révélera que trop tôt peut-être.

— Eh bien ! après ? — s’écria mademoiselle de Maran avec impatience. — Qu’est-ce que vous voulez conclure de tout ça ? Ce qui est fait est fait, n’est-ce pas ? Gontran veut que vous continuiez à me voir, vous lui obéirez. À quoi bon récriminer sur ma méchanceté ? Je suis comme cela, et trop vieille pour changer… De deux choses l’une, ou mon aversion contre vous n’est pas éteinte, ou elle l’est… Si elle l’est, vous n’avez rien à craindre de moi, et vos reproches sont inutiles ; si elle ne l’est pas, tout ce que vous me dites ou rien c’est la même chose. Vous ne pouvez pas me nuire, et moi je puis vous nuire ; ne tentez pas de lutter. Je peux, je sais bien des choses… Vous avez vu comme je l’ai arrangé ce Lugarto, à qui son opulence colossale et la platitude du monde semblent donner un brevet d’audace et d’insolence !… maintenant il sait que quand je mords, je mords bien, et