Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/198

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Un invincible pressentiment me disait que Gontran subissait malgré lui l’influence de M. Lugarto. À quelle cause fallait-il attribuer cette influence ; c’est ce que j’ignorais. Assaillie par ces soupçons, je reconnaissais que les menaces de mademoiselle de Maran n’étaient pas vaines.

Oh ! ce fut un moment affreux que celui où je me sentis forcée de contenir mes ressentiments devant cette femme qui avait outragé la mémoire de ma mère !

— Allons, allons, je vois que nous nous entendons, n’est-ce pas, — me dit mademoiselle de Maran avec son sourire sardonique. — Vous irez à ce bal du matin de madame l’ambassadrice d’Angleterre ; j’irai peut-être aussi pour méduser ce Lugarto, et le tenir dans ma dépendance. Dites donc, chère petite, est-ce que vous ne trouvez pas que je lui ai donné un joli échantillon de mon savoir-faire ? Examinez bien demain son visage de cire jaune quand il m’apercevra… ça vous amusera et moi aussi… Peut-être je vous l’immolerai… cet archi-millionnaire… peut-être, au contraire… Mais je ne dis rien… Qui vivra verra.