Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/200

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me sentis plus forte, moins effrayée en sachant cet ami près de moi ; je ne doutai pas de son appui dans un cas extrême. Je remerciai la Providence des secours imprévus qu’elle semblait ainsi m’offrir.

M. de Lancry n’était pas encore rentré ; je m’habillai pour dîner, me rappelant avec des regrets pleins d’amertume que, dans notre charmante retraite de Chantilly, je me faisais belle aussi, et que j’arrivais près de Gontran radieuse et fière de mon bonheur.

Hélas ! deux jours à peine me séparaient de ce passé si enchanteur, déjà il me semblait que des mois s’étaient écoulés depuis ce temps heureux !

Sept heures sonnèrent, Gontran ne vint pas.

Je ne commençai à m’inquiéter sérieusement que vers les huit heures ; je fis demander par Blondeau au valet de chambre de M. de Lancry s’il avait donné quelque ordre ; il n’en avait donné aucun ; on l’attendait pour dîner.

À huit heures et demie, ne pouvant vaincre mes craintes, je me décidai à envoyer un de nos gens à cheval chez M. Lugarto afin de savoir si M. de Lancry n’y était pas resté ; j’écri-