Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/227

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Tenez… voyez-vous ce monstre de Lancry !… il est si absorbé qu’il ne se souvient pas seulement que vous êtes ici.

En effet, Gontran traversait un salon avec la princesse Ksernika ; il lui donnait le bras, et lui parlait bas en souriant.

Elle baissa les yeux, rougit légèrement, sourit aussi, et fit un petit mouvement d’impatience.

Gontran sembla insister dans sa demande, elle leva les yeux sur lui, rencontra son regard, et, au lieu de l’éviter, il me sembla qu’elle se complaisait à le soutenir ; puis, comme si M. de Lancry se fût seulement alors souvenu ou aperçu de ma présence, il fit un brusque mouvement, dit un mot à la princesse en regardant de mon côté, et l’expression de leurs deux physionomies changea à l’instant.

Tout ceci s’était passé en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire ; pour la première fois, je connus la jalousie.

Jamais je n’oublierai le coup douloureux, profond, que je ressentis au cœur en voyant la princesse sourire ainsi à Gontran.

Étrange et cruel mystère ! cette jalousie en-