Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/228

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vahit soudainement, complètement toutes mes facultés ; il me sembla que depuis longtemps j’avais l’habitude de cette souffrance.

En un instant, j’éprouvai ses haines, ses défiances, ses humiliations… Je n’échappai à aucune de ses tortures variées.

Hélas ! la jalousie est un de ces sentiments qui débutent par une terrible maturité ; comme Minerve, elle naît armée de toutes pièces.

Mon âme se brisa, mes joues se colorèrent d’une rougeur fébrile ; Gontran s’avança, il donnait le bras à la princesse. Celle-ci vint à moi d’un air riant et ouvert ; je sentis mes larmes prêtes à couler : je ne pus que m’incliner sans répondre à quelques paroles aimables qu’elle me dit.

— Monsieur de Rochegune, voulez-vous me donner votre bras ? — dit madame de Richeville ; — vous aurez la bonté de demander ma voiture.

— Vous ici, monsieur de Rochegune ? — dit Gontran en tendant la main à ce dernier ; — je vous croyais en voyage. J’espère que vous n’aurez pas complètement oublié le chemin de votre ancienne maison, et que madame de Lan-