Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/230

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chesse de Richeville, dont j’étais vraiment jalouse.

— Vous êtes bien bonne, Madame, mais…

— Je vais faire un tour dans le bal avec Lugarto, — me dit Gontran. — Tout-à-l’heure, si vous le désirez, je reviendrai vous chercher.

M. de Lancry prit le bras de M. Lugarto, et tous deux s’éloignèrent. Je restai près de la princesse.

— Savez-vous, me dit-elle très gaîment, — que vous avez un mari charmant ? Je ne le connaissais que de réputation ; car, depuis que je suis entrée dans le monde, le hasard a fait que lui ou moi nous avons toujours été en voyage ; mais je compte bien me dédommager cette saison. D’abord je commence par vous prévenir que nous sommes déjà fort en coquetterie ; et j’ai presque envie d’en être aux regrets, car il me semble très dangereux. Ah çà que diriez-vous donc si j’allais vous l’enlever ?

La princesse aurait pu parler longtemps encore, sans que je songeasse à lui répondre. Ce qu’elle venait de me dire pouvait passer pour