Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/232

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de mon bonheur, de ne pas être coquette pour Gontran ; mais je réfléchis au ridicule de cette démarche : j’y renonçai. Le monde est ainsi fait, qu’il n’a que des mépris ou des sarcasmes pour l’expression d’une douleur légitime et ingénue.

Alors mon orgueil s’indigna, des paroles remplies de fiel et d’amertume me vinrent aux lèvres ; je tâchai de m’inspirer de la méchanceté de mademoiselle de Maran ; je tâchai, mais en vain, de trouver quelque repartie sanglante… je souffrais trop pour avoir de l’esprit.

Forcée de répondre à une seconde interpellation de la princesse, je ne pus que trouver cette sottise, que je dis en souriant avec amertume :

— Je ne doute pas, Madame, de la puissance de vos charmes.

— Mon Dieu ! de quel air sombre et tragique vous me dites cela ! — reprit madame de Ksernika en riant aux éclats. — Est-ce que vous seriez jalouse, par hasard ? et jalouse de votre mari encore ? mais ça serait très piquant.

— Madame… — Ah çà ! n’allez pas avoir cette ridicule faiblesse, au moins ! j’en serais désolée. Mon