Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/244

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pleurant les erreurs d’un enfant adoré… elle hait ses fautes en le chérissant toujours.

Oh ! c’est qu’il y a dans l’amour invincible des femmes un sentiment de charité magnifique au-dessus de l’intelligence et des facultés du vulgaire. Plus on souffre, plus on désire épargner des souffrances à celui qui cause les vôtres ; on met en pratique, avec une résignation pieuse, ce précepte évangélique d’une naïveté si sublime : Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît.

Je me souviens que cette pensée me vint à l’esprit au moment où la princesse riait très haut et très fort d’une plaisanterie de Gontran sur la tournure ridicule d’un homme qui passait à cheval auprès de nous.

Il y avait un tel contraste entre mes idées et celles qu’on venait d’exprimer, que j’en rougis d’abord presque de honte ; puis vint une réaction contraire : je ne pus m’empêcher de jeter sur la princesse un regard de mépris écrasant, en me soulevant à demi du fond de la calèche où j’étais appuyée.

Gontran s’en aperçut ; il profita d’un moment où M. Lugarto et madame de Ksernika