Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/245

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étaient penchés à une des portières pour voir passer monseigneur le duc de Bordeaux, qui revenait de Bagatelle, et il me dit tout bas avec impatience :

— Vous n’avez pas l’air souffrant, mais fort maussade ; vous vous ferez dans le monde la réputation d’avoir un caractère insupportable ; c’est du dernier ridicule : on s’épuise en frais pour vous, et vous y répondez par le silence le plus dédaigneux.

— Gontran, je vous assure que je souffre…

Et deux larmes, longtemps contenues, me vinrent aux yeux.

— Allons, des pleurs maintenant ! il ne manque plus que cela pour vous achever, — dit-il en haussant les épaules.

Je baissai la tête, je portai mon mouchoir à mes lèvres, je cachai mes larmes.

Sans doute Gontran regretta son mouvement d’impatience ; car relevant bientôt sur lui mes yeux, pour lui montrer que je ne pleurais plus, je rencontrai les siens…

Oh ! jamais, jamais, je n’oublierai le regard rempli de tristesse et de bonté qu’il me jeta.

Puis ses traits se contractèrent….. par un