Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/254

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jetterais un premier cri d’angoisse en suppliant Gontran de me prendre en pitié.

Ce moment arriva.

Depuis quelques jours j’étais souffrante. Un matin je dis à mon mari :

— Gontran, j’ai à réclamer de vous une promesse bien chère.

— Que voulez-vous dire, Mathilde ?

— Vous m’avez fait espérer que nous irions passer quelque temps dans notre maisonnette de Chantilly. Voici bientôt la fin du mois de mai, il me semble que le bon air de la forêt me ferait du bien.

— Comment, vous pensez encore à cette folie ? Mais depuis huit jours cette masure est abattue. Mon homme d’affaires m’a dit que l’administration des domaines de M. le duc de Bourbon en avait pris possession. C’est une affaire terminée.

J’avais conservé une lueur d’espoir ; voyant qu’il fallait y renoncer, je fondis en larmes. Gontran me parut impatienté, et me dit :

— Mais, en vérité, ma chère amie, vous n’avez pas le sens commun de pleurer pour un tel enfantillage. Je vous l’ai déjà dit, quoi-