Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/266

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— Madame ! Madame !… — dit Gontran avec une rage contenue.

— Vous vous résignez bien à me causer le plus cruel chagrin, plutôt que de passer aux yeux de ce monde pour un homme amoureux de sa femme ? Pourquoi donc ne vous résigneriez-vous pas à passer pour l’ami de M. Lugarto, à subir sa pernicieuse influence plutôt que de renoncer peut-être à une partie du faste qui nous environne ?

— Madame… Madame… prenez garde !…

— Mon ami… ne voyez pas là un reproche. Depuis bien longtemps vous avez l’habitude de mettre le bonheur dans ces brillants dehors… vous croyez peut-être que moi-même je n’y renoncerais qu’avec peine : combien vous vous trompez ! Que m’importe ce luxe ? je le hais s’il vous cause le moindre chagrin… Ce luxe n’était pour rien dans ce bonheur divin qui a duré si peu pour nous, qui durerait peut-être encore sans l’arrivée de cet homme ! Que faut-il pour vivre obscurément dans quelque coin ignoré, vous, moi, et ma pauvre Blondeau ? Cette vie ne serait-elle pas mon rêve idéal ? Jusqu’à notre mariage n’ai-je pas vécu