Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/293

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parla de projets qui ne devaient jamais se réaliser. Au retour d’une campagne en Grèce, que j’avais projetée avec M. de Mortagne, celui-ci voulait tout tenter pour éclairer l’opinion de votre famille, afin de vous soustraire à l’influence de mademoiselle de Maran. Vous avez su, Madame, par quelles odieuses machinations notre courageux ami avait été retenu dans les prisons de Venise pendant longues années ; nous le crûmes perdu pour nous… Cet homme généreux nous avait si vivement intéressés à votre sort, que mon père crut obéir à un pieux devoir en tâchant de remplacer M. de Mortagne auprès de vous.

— Que voulez-vous dire, Monsieur ?

— Mon père fit tout au monde pour se rapprocher de mademoiselle de Maran. Dans la noble illusion de sa belle âme, il croyait, par la seule influence de la raison et de la vertu, pouvoir décider madame votre tante à changer de conduite envers vous. Il eut plusieurs entrevues avec elle ; il la trouva inflexible. Je ne puis vous dire, Madame, ses regrets, le chagrin qu’il éprouva. Il fit entendre à cette fem-