Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/299

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nation contre M. de Lancry, il est inutile de prolonger cet entretien.

M. de Rochegune me regarda avec un étonnement presque douloureux.

— Je le vois, Madame, je n’ai pas l’honneur d’être connu de vous… Du moment où vous avez donné votre main à M. de Lancry, ce choix si honorable pour lui l’a placé à mes yeux parmi les personnes auxquelles je serais heureux de prouver mon dévoûment. Une des raisons qui me donnent le courage de venir à vous en toute confiance, Madame, c’est que mes paroles intéressent autant M. de Lancry que vous-même.

Ce simple et noble langage me débarrassa d’un poids énorme, mais il éveilla mes craintes au sujet de Gontran.

— Que venez-vous m’apprendre, Monsieur ? — m’écriai-je vivement.

Après un moment de silence, il me répondit :

— Vous voyez souvent M. Lugarto, Madame ?

— Oui, Monsieur, et je dirais presque malgré moi, s’il n’était pas l’ami de M. de Lancry.

— Savez-vous, Madame, ce que c’est que M. Lugarto ?