Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/316

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous ne me répondez pas. Était-ce donc vous insulter que d’avoir pour vous des attentions que toute femme accueille, sinon avec gratitude, du moins avec complaisance ?

Je levai les yeux au ciel comme pour le prendre à témoin de l’exécrable duplicité de cet homme.

M. Lugarto fit un mouvement d’impatience ; il reprit en tâchant de donner à sa voix aigre un accent affectueux et insinuant :

— Voyons, ne soyez pas aussi méchante, causons en bons amis ; oui, car je suis votre ami, quoique vous ayez tout fait jusqu’ici pour m’irriter contre vous ; mais je ne sais pas comment… vous m’avez ensorcelé ! Moi qui me souviens toujours du mal qu’on me veut, et qui sais prouver que je m’en souviens, je ne puis vous garder rancune, je vous pardonne tout. C’est qu’aussi vous exercez sur moi une influence incroyable ! D’abord je n’ai rien compris à cette influence, puis peu à peu j’ai reconnu… mais vous allez encore vous fâcher… En vérité, moi qui ne suis pas un écolier, moi qui connais les femmes, pour la première fois de ma vie… j’hésite… à vous dire… car vous