Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/321

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— Sortez, Monsieur ! — m’écriai-je, — sortez ! Le dégoût et le mépris arrivent quelquefois à ce point que l’âme se révolte malgré les efforts que l’on fait pour se contenir ; je vous dis de sortir, Monsieur !

— Mais vous êtes donc sans pitié… sans cœur !… — s’écria M. Lugarto. — Est-ce vous injurier que de vous aimer ? car je vous aime, moi, je vous jure que je vous aime. Si jusqu’ici je vous ai choquée, contrariée, je vous en demande pardon, cela vient de ma mauvaise éducation… Et puis, je n’ai pas été habitué à rencontrer souvent des femmes comme vous… on m’a gâté… J’ai de mauvaises manières, je l’avoue ; d’un mot… d’un mot seulement un peu affectueux, vous auriez pu me changer ; il m’aurait été si doux de vous obéir ! Et puis, je ne savais que penser… En vous voyant si indifférente à mes soins, je croyais que vous n’en compreniez pas la signification, je ne savais qu’imaginer pour vous faire entendre que c’était de l’amour ; quelquefois j’étais tenté de m’éloigner, mais j’étais retenu malgré moi par le charme qui vous entoure. Tenez… ayez nom pas un peu d’intérêt, mais un peu de pitié pour