Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/322

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moi ; donnez-moi un ordre, dites-moi de m’éloigner, j’aurai la force de vous obéir : mais que je sache au moins que ce cruel sacrifice me sera peut-être un jour compté. Répondez-moi… par grâce ! répondez-moi… Rien… rien… pas un mot… toujours ce regard de haine, de mépris implacable ! Ah ! je suis bien malheureux !… et l’on m’envie encore ! — s’écria M. Lugarto.

Deux larmes feintes ou vraies roulèrent sur ses joues livides ; il cacha sa tête dans ses deux mains.

Si je n’avais pas été prévenue par M. de Rochegune des bruits odieux que répandait cet homme, sans être aucunement touchée de sa douleur apparente, j’y aurais cru peut-être. Je n’y vis qu’une insultante hypocrisie : il me faisait horreur.

Je m’avançai vers la porte pour sortir.

M. Lugarto s’aperçut de mon mouvement, il se plaça devant cette porte.

J’eus peur.

Je revins précipitamment près de la cheminée afin de pouvoir sonner.

— Vous voulez donc me réduire au déses-