Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/323

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poir ! — s’écria-t-il d’une voix altérée en joignant ses deux mains d’un air suppliant. Oh ! dites, dites-moi seulement que vous me laisserez essayer de vous plaire, que vous me permettrez de tâcher de vaincre l’éloignement que je vous inspire, cela, rien que cela ? — Et il tomba à mes genoux.

Je sonnai précipitamment.

M. Lugarto se releva.

— Ah ! c’est comme cela ? — s’écria-t-il en devenant tout-à-coup livide de rage ; — rien ne vous fait, ni les prières, ni la tendresse, ni l’humilité. Eh bien ! j’emploierai d’autres moyens ; c’est à genoux, entendez-vous, femme orgueilleuse, c’est à genoux que vous me supplierez d’avoir pitié de vous.

Il y avait tant de confiance, tant de méchanceté dans l’accent de cet homme, que je frissonnai d’épouvante.

Un valet de chambre entra.

— Dites à mes gens de s’en aller, — dit M. Lugarto avec le plus grand sang-froid, et avant que j’eusse pu prononcer une parole.

Rien ne paraissait plus simple que cet ordre. Le domestique sortit.