Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’étais si stupéfaite que je n’osai pas le retenir.

M. Lugarto, qui avait un moment contenu sa colère, perdit toute mesure.

Il devint hideux, ses yeux s’injectèrent, tout son corps trembla convulsivement ; ses lèvres décolorées se contractèrent par un tressaillement nerveux.

Je ne pouvais faire un pas, j’attendais avec anxiété quelque révélation horrible.

— Ah ! vous voulez lutter avec moi ! — s’écria-t-il, — mais vous ne savez donc pas ce que je puis, moi ?… Vous avez pourtant vu que d’un mot j’ai maté cette insolente princesse ! Quant à cette belle duchesse, vous ne savez pas les larmes de sang que lui coûte à cette heure son impertinence à mon égard, vous ne savez pas que si je voulais… entendez-vous, que si je voulais, je n’aurais qu’un mot à dire, un seul, pour vous faire tomber évanouie de terreur… Ah ! vous croyez que lorsqu’un homme comme moi veut quelque chose… qu’il le veut en vain ! ah ! vous croyez que je ne sais pas me venger de qui m’outrage ! ah ! vous croyez que pendant que vous m’abreuviez