Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/330

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homme. Avez-vous dit cela, Monsieur, avez-vous dit cela ?

M. Lugarto sourit et haussa les épaules.

— Monsieur Lugarto, prenez garde ! — dit Gontran d’une voix sourde… — La patience humaine a des bornes… et depuis longtemps… oh ! bien longtemps, je suis patient, voyez-vous.

M. Lugarto baissa les yeux, et ne répondit rien.

Fière de sa confusion, espérant m’en délivrer à jamais après cette scène cruelle, je continuai :

— Mais cela n’est pas tout ; il s’est joint à notre plus mortelle ennemie, à mademoiselle de Maran, pour proclamer partout que vous, que vous, mon noble Gontran… vous subissiez sa présence tout en la maudissant… que les soins qu’il me rendait étaient tolérés par vous. Et savez-vous pourquoi ? parce que notre fortune était compromise par vos dettes, et que vous aviez eu recours à l’argent de cet homme.

Un moment je fus effrayée de l’expression de rage qui anima les traits de Gontran.