Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/332

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— Oui… oui… quoi qu’il puisse arriver, une fois au moins je…

— Quoi qu’il puisse arriver, vicomte ? — s’écria M. Lugarto d’une voix stridente, en interrompant mon mari. — Quoi qu’il puisse arriver… Répétez donc cela.

Gontran était dans une angoisse inexprimable : son beau visage, douloureusement contracté, exprimait la haine, la rage, le désespoir ; mais on aurait dit qu’une mystérieuse influence empêchait l’explosion de ces violents ressentiments.

Ils éclatèrent. M. de Lancry s’écria en frappant du pied :

— Eh bien ! oui, oui ! quoi qu’il puisse arriver, puisque vous me poussez à bout, je vous insulterai, entendez-vous, je vous insulterai à la face de tous ; nous nous battrons, et je vous tuerai ou vous me tuerez ; l’un de nous maintenant est de trop sur la terre : cette existence m’est insupportable… Si ce n’était la crainte de vous causer une joie infernale, je me serais déjà délivré de cette vie qui m’est odieuse.

Il y avait tant de désespoir dans ces paroles de Gontran, elles me menaçaient d’un nouveau