Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/333

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et si formidable malheur, que je me sentis défaillir.

— Vous ne m’insulterez pas et je ne me battrai pas avec vous, — reprit froidement M. Lugarto. — Comme l’a dit madame, je ne l’oserais pas d’abord, et puis vous ne le daigneriez pas… Mais revenons à votre quoi qu’il arrive. Est-ce un défi… hein… vicomte ? Voulez-vous qu’à l’instant devant madame je dise…

— Arrêtez ! oh ! arrêtez ! pas un mot de plus ! — s’écria Gontran avec effort ; — par pitié… pas un mot !…

Il retomba dans un fauteuil, mit sa main sur ses yeux en s’écriant d’une voix étouffée :

— Ô mon Dieu !… mon Dieu !…

Je restai frappée de stupeur.

— Allons donc… on a bien de la peine à vous convaincre, mon cher et intime ami, qu’après tout je ne suis pas si diable que j’en ai l’air, — reprit M. Lugarto. — Qu’est-ce que je demande ? à vivre en paix avec vous et avec votre femme, à réaliser le triangle équilatéral des Italiens, en tout bien tout honneur s’entend… car vous êtes un vilain jaloux, un