Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/334

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Othello. Voyons… de quoi vous plaignez-vous ? Admettez que je fasse la cour à votre femme ; que vous importe ? Elle est vertueuse, elle vous adore et elle m’exècre ; voilà trois raisons pour une de vous tranquilliser… une manière de Cerbère à trois têtes qui défend suffisamment votre bonheur conjugal. Mais, — me dites-vous, — « le monde jase, il croit que vous êtes au mieux avec ma femme. » — Eh ! mon Dieu… laissez le monde jaser ; n’êtes-vous pas sûr de la fidélité de votre femme ? — Allons, vicomte, soyez philosophe et n’attachez pas de prix à de vaines paroles. — « Mais ce bruit tout mensonger qu’il est, est contrariant, » — me direz-vous encore. — C’est possible… mais vous le savez, de deux maux il faut choisir le moindre, et puisque les propos du monde vous effraient, songez donc, mon cher, à ceux qu’il ferait, le monde… si je jasais, moi, sur certaines choses… si je disais comment… à Londres…

— Monsieur… oh ! monsieur !… — s’écria Gontran d’un air suppliant.

M. Lugarto me regarda en souriant d’un air ironique.