Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/46

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le courage ; il est brave comme un lion. Tenez, il y a sept ou huit ans, il n’avait alors que vingt ans, lui et un drôle d’homme, M. le comte de Mortagne, qui était l’ami intime de son père, ont fait un coup devant lequel les plus intrépides auraient peut-être reculé.

En entendant le nom de M. de Mortagne, la mauvaise humeur de mademoiselle de Maran augmenta.

— Vous avez connu M. de Mortagne ? — dis-je vivement à M. Sécherin.

— Oui, Mademoiselle ; c’était un original qui avait été au bout du monde, un ancien troupier de la grande armée, une barbe comme un sapeur ; il venait bien souvent nous voir à la fabrique ; mon pauvre père l’aimait bien aussi. Pour en revenir à mon histoire, un jour, lui et le jeune M. de Rochegune chassaient un lièvre à cheval et aux chiens courants ; ils n’avaient donc pas de fusils, et ne possédaient pour toute arme qu’un fouet ; le lièvre débouche de la forêt de Rochegune et prend la plaine. C’était en plein hiver ; ils trouvent dans un