Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/50

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insinuations de ma tante ont causé le mal qu’elle m’a fait plus tard…

Je montai dans ma chambre avec Ursule. J’avais la plus entière, la plus aveugle créance dans sa franchise ; je voyais en elle une victime ; je me souvenais de la lettre si lugubre, si gémissante, qu’elle m’avait écrite : aussi je cherchais en vain à m’expliquer la singulière familiarité de ses expressions envers son mari, deux ou trois jours après ce mariage désespérant qui lui avait donné des idées de suicide.

Si j’avais un instant soupçonné Ursule de fausseté, si je l’avais crue capable d’avoir contracté une union, sinon avec plaisir du moins par calcul, j’aurais compris l’étrange contradiction des paroles de la lettre de ma cousine ; mais, je le répète, j’avais une foi profonde en elle, j’attendais avec anxiété l’explication de ce mystère.

En entrant chez moi, Ursule tomba dans un fauteuil ; elle cacha sa tête dans ses deux mains sans me dire un mot.

— Ursule, mon amie, ma sœur, — lui dis-je