Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/51

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en me mettant à ses genoux, en prenant ses deux mains dans les miennes.

— Laisse-moi… laisse-moi, — dit-elle en cherchant à se dégager et en souriant avec amertume à travers ses larmes. — Pourquoi ces paroles de tendresse ? tu ne les penses pas… tu ne peux plus les penser.

— Ah ! Ursule… c’est cruel… que t’ai-je fait ? que t’ai-je dit ? pourquoi m’accueillir ainsi, mon Dieu ! après une si longue absence ?

— Mathilde, je n’accuse pas ton cœur ; il est bon et généreux ! mais c’est parce qu’il est généreux, qu’il a en horreur tout ce qui est mensonge et fausseté. Ainsi, laisse-moi… laisse-moi ! ne te crois pas obligée de paraître m’aimer encore.

— Ursule… que dis-tu ?

— Est-ce que je ne sais pas que tu me méprises !… — ajouta la malheureuse femme en fondant en larmes. Puis elle se leva et alla près de la fenêtre essuyer ses pleurs.

J’étais restée stupéfaite, ne comprenant rien à ce que me disait Ursule. Je courus à elle.

— Mais, au nom du ciel, explique-toi ; que