Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/69

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veuse, qui prouvait la violence du combat qui se livrait en elle.

Sans comprendre ce que me disait ma tante, je me jetai dans ses bras tout effrayée. — Ayez pitié de moi ! — m’écriai-je ; — je ne sais pas quel malheur me menace… mais s’il en est un, oh ! parlez… parlez ! Vous êtes la sœur de mon père ! Je suis seule… seule… je n’ai que vous au monde ! Qui m’éclairera si ce n’est vous !… Oh ! parlez… parlez par pitié… Un malheur ! dites-vous, mais lequel ?… Gontran m’aime, je l’aime autant que je puis l’aimer : j’ai la plus tendre des amies dans Ursule, puis-je entrer dans le monde sous de plus heureux présages ! Vous-même, à cette heure, vous me parlez avec tendresse ; quelque mots de vous ont à tout jamais effacé les souvenirs pénibles de mon enfance. Si quelque malheur caché menace ma destinée, oh ! dites-le… par pitié… dites-le.

— Malheureuse enfant ! je ne sais quelle voix me dit que ce serait un crime affreux de te laisser dans cette erreur… et que tôt ou tard la vengeance divine ou humaine me saurait atteindre, — s’écria ma tante.