Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/70

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Le sentiment auquel elle cédait était si généreux, elle était alors si noblement émue, qu’un moment sa figure eut presque un caractère de beauté touchante.

Je l’écoutai dans une angoisse indicible, lorsque Servien frappa à la porte et entra apportant une lettre sur un plateau d’argent.

J’eus un affreux serrement de cœur ; un sinistre pressentiment me dit que le hasard fatal qui interrompait mademoiselle de Maran allait à tout jamais cacher à mes yeux le mystère qu’elle était sur le point de me dévoiler.

— Qu’est-ce que c’est ? — s’écria ma tante avec une impatience presque douloureuse.

Une lettre, madame, — dit Servien en avançant son plateau.

Mademoiselle de Maran la prit brusquement et dit :

— Sortez !…

Je respirai, je crus que ma tante allait continuer notre entretien, car sa physionomie n’avait pas changé d’expression ; elle semblait même si préoccupée qu’elle jeta la lettre sur son bureau sans la décacheter. La fatalité vou-