Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/71

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lut que l’adresse fût tournée du côté de ma tante ; l’écriture la frappa ; elle la prit et l’ouvrit vivement.

Tout espoir disparut ; cette lettre parut faire sur elle un effet foudroyant, ses traits reprirent peu à peu leur expression d’ironie et de dureté habituelle ; ses sourcils froncés lui donnèrent une expression plus méchante que jamais… Un moment elle resta comme frappée de stupeur, et dit d’une voix sourde, en froissant la lettre avec rage :

— Et moi… qui justement allais… Ah ça ! mais qu’est-ce que j’avais donc ? j’étais folle, je crois… cette petite fille m’avait ensorcelée… Je faisais des bonasseries stupides, pendant que lui… Ah que l’enfer le confonde !… heureusement j’ai le temps.

Ces paroles de ma tante, entrecoupées de longs silences réfléchis, m’effrayèrent.

— Madame, — lui dis-je en tremblant, — tout-à-l’heure vous étiez sur le point de me faire un aveu bien important…

— Tout-à-l’heure j’étais une sotte, une bête, entendez-vous ? — reprit-elle d’un ton aigre et emporté… — Je crois, Dieu me par-