Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/86

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opinions, je n’eus pas la lâcheté de les nier. Je répondis que je m’étais voué à une seule cause : celle de la liberté sainte et pure de toute souillure… Ces hommes ne comprirent pas que, puisque j’avais le courage d’avouer des opinions qui pouvaient me perdre, je devais être cru lorsque je jurais sur l’honneur que j’ignorais l’existence de ces papiers dangereux. Je fus jeté dans un cachot, j’y restai huit années… J’en sortis, vous le voyez, décrépit avant l’âge… Maintenant savez-vous comment j’étais porteur de ces dangereux papiers ? Peu de temps avant mon départ pour l’Italie, cette femme avait dépêché Servien, son digne serviteur, auprès de celui de mes gens qui devait m’accompagner. Sous le prétexte de faire entrer en Italie des marchandises de contrebande, et de réaliser de grands bénéfices, il lui persuada de faire mettre à mon insu des doubles fonds à mes malles, et d’y cacher les prétendus paquets de dentelles d’Angleterre. Une fois à Venise, un correspondant devait venir réclamer les dentelles, et donner vingt-cinq louis à mon domestique. Ce malheureux,