Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/87

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ignorant le danger de cette commission, accepta… Je partis, et presque en même temps que moi partit aussi cette lettre, adressée au gouverneur de Venise.

« M. de Mortagne, ancien officier de l’empire, connu par l’exaltation de ses idées révolutionnaires et par ses liaisons avec les anarchistes de tous les pays, arrivera à Venise dans le courant du mois de mai ; on trouvera dans plusieurs malles à double fond les preuves de ses dangereux desseins… »

— Eh bien ! cela est-il assez infâme ? — s’écria M. de Mortagne en croisant ses bras sur sa poitrine et en jetant un regard d’indignation sur mademoiselle de Maran.

Celle-ci, un moment accablée, reprit bientôt toute son audace, et s’écria :

— Et qu’ai-je de commun, Monsieur, avec vos paquets de dentelles renfermant des conspirations ? Est-ce que c’est ma faute à moi, si, en voyant vos projets révolutionnaires déjoués, vous avez imaginé une histoire absurde à laquelle on n’a pas cru du tout, avec raison ? Qui est-ce qui croira jamais que je me suis amusée à fabriquer des proclamations, des