Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/95

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À cette dernière offre, qui était un outrage, Gontran devint pâle de rage.

— Signez… oh ! signez, dis-je à M. de Lancry d’une voix défaillante.

— Oui, oui, je signerai, — dit-il avec une fureur contenue. — Ne pas signer serait m’avouer coupable, serait mériter les outrages de cet homme ; ne pas signer serait m’avouer indigne de vous… Mademoiselle ; — et Gontran signa.

— Dites donc que ne pas signer serait renoncer à la fortune que vous convoitez, car vous êtes indigne de comprendre et d’apprécier les qualités de cet ange… Dans deux mois vous la traiterez aussi brutalement que vos maîtresses… si l’on n’y met ordre…

— Gontran, — dis-je tout bas à M. de Lancry, — je suis votre femme, accordez-moi la première chose que je vous demande… pas un mot à M. de Mortagne… je vous en supplie… terminez cette scène qui me tue.

Gontran réfléchit pendant quelques moments et me dit d’un air sombre :

— Soit, Mathilde… vous me demandez beaucoup… je vous l’accorde.