Page:Sue - Mathilde, tome 2.djvu/96

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— Le sacrifice est consommé, dit M. de Mortagne ; — cela devait être ainsi… Allons, maintenant courage… plus que jamais il me reste à veiller sur vous, Mathilde… Si je le puis, je dois rendre les suites de votre fatale imprudence moins funestes pour vous… et empêcher les malheurs que je prévois… Soyez tranquille… partout où vous serez… je serai… partout où vous irez j’irai… Ce monstre — et il montra mademoiselle de Maran — a été votre mauvais génie ; je serai, moi, votre génie tutélaire… Et ici je déclare une guerre acharnée, sans merci ni pitié, à tous vos ennemis, quels qu’ils soient… Mes cheveux sont blancs, mon front est ridé, mais Dieu m’a laissé l’énergie du cœur et du dévoûment. Hélas ! pauvre enfant, je viens bien tard dans votre vie ; mais, je l’espère je ne viens pas trop tard… Adieu, mon enfant, adieu… Je vais signer ce contrat… j’assisterai à votre mariage, c’est mon droit, c’est mon devoir… En ce moment plus que jamais je tiens à remplir ce devoir et ce droit.

Et allant à la table, il signa le contrat d’une main ferme. La voix, la figure de M. de Mor-