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élégance, tendu de rouge et éclairé par de nombreuses bougies placées dans des candélabres dorés.

Je reconnus le goût de Gontran à certains détails ; je n’osais croire encore que pendant longtemps peut-être j’habiterais cette demeure avec M. de Lancry.

Bientôt la femme qui m’avait ouvert m’apporta une petite table servie avec recherche, en me disant que M. de Lancry avait lui-même commandé le souper.

Je fus sensible à cette attention de Gontran, je renvoyai cette femme pour être seule et songer librement aux évènements de la journée.

Après avoir pris quelques cuillerées de potage, mangé un blanc de poulet et bu deux ou trois verres d’eau rougie d’un peu de vin de Bordeaux, car j’avais une soif ardente (on verra pourquoi j’insiste sur ces puérils détails), je repoussai la table et je rapprochai mon fauteuil de la cheminée, quoiqu’il n’y eût pas de feu dans l’âtre.

L’orage grondait toujours sourdement, un vent violent s’était élevé, l’on entendait ses