Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/60

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gle dans ma générosité et dans mon amitié…. Vous allez voir que je plaçai bien mon argent. Toutes les fois que je lui avais prêté quelque somme considérable, je lui avais donné un simple bon signé de moi sur mon banquier : remarquez bien ceci. — Un jour, je quittai brusquement Londres sans en prévenir Lancry et sans lui faire dire où j’allais. Je le savais alors sans argent. Je lui détachai un certain juif fort madré qui, sur sa signature, lui proposa une trentaine de mille livres. Lancry, comptant sur moi pour rembourser, signa. J’étais à Brighton, d’où je le surveillais… Mon projet était mûr… L’or est une baguette magique. Quelque temps après son emprunt, je fis sérieusement proposer à Lancry une héritière de plus de cinquante mille écus de rente. Je connaissais les parents de cette jeune fille ; ils avaient en moi toute confiance. J’avais garanti sur ma propre fortune que Lancry apportait en dot plus de deux millions ; seulement, j’engageai les parents à ne traiter la question d’argent qu’à mon retour. Par habitude, Lancry se donnait toujours effrontément pour millionnaire ; il vit la jeune fille,