Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans mon premier saisissement, je n’avais pas réfléchi à tout ce que ce secours avait de providentiel.

Plus calme, je remerciai Dieu de m’avoir sauvée.

Je ne pris qu’une part muette à la scène suivante, mais elle est restée gravée dans ma mémoire en caractères ineffaçables.

Tant qu’elle dura, quoique M. de Rochegune fût plus témoin qu’acteur, ses traits basanés et contractés eurent une expression peut-être plus menaçante, plus effrayante encore, que l’emportement de M. de Mortagne.

Toutes les fois que le regard de M. de Rochegune s’arrêta sur M. Lugarto, il sembla flamboyer ; plusieurs fois je remarquai à la crispation nerveuse de ses mains qu’il faisait de grands efforts pour conserver un calme apparent. Toutes les fois aussi que ses yeux gris et perçants s’arrêtèrent sur M. Lugarto, celui-ci sembla presque en proie à une fascination douloureuse.

Après m’avoir donné les premiers soins, M. de Mortagne m’établit dans un fauteuil et me dit :