Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/13

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Il me serait impossible d’expliquer la complète révolution que la maternité venait d’imprimer à mes moindres pensées, des idées graves, sérieuses, presque austères, qui s’éveillèrent en moi dans l’espace d’une nuit, comme si Dieu voulait préparer l’esprit et le cœur d’une mère aux célestes devoirs qu’elle doit remplir auprès de son enfant.

Moi jusqu’alors faible, timide, résignée, je me sentis tout-à-coup forte, résolue, courageuse : la main de Dieu me soutenait.

Tout un horizon nouveau s’ouvrit à ma vue, les limites de mon existence me semblaient reculées par les espérances infinies de la maternité.

Dans les seuls mots élever mon enfant il y avait un monde de sensations nouvelles…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Peu à peu le jour parut.

Mon premier mouvement fut de tout apprendre à mon mari, de changer par cet aveu soudain sa froideur en adoration ; puis je voulus temporiser un peu, suspendre le moment de mon triomphe pour le mieux savourer.

J’éprouvais une sorte de joie, à me dire :