Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on n’admire en vous ? Je l’avais bien prévu, et votre tante me l’a sans cesse répété depuis son arrivée ici : à Paris… dans votre monde… on ne connaît que vous, on ne jure que par vous… Vous êtes à la fois la femme la plus à la mode et la plus respectée. On vous cite partout comme un modèle de grâce et d’élégance, et on ne vous reproche pas une faiblesse, pas une coquetterie… Et cela dans le monde le plus médisant, le plus difficile à capter… tandis que moi je vis en province avec un obscur marchand que je ne puis dominer qu’en affectant des vulgarités qui révoltent mes goûts et mes habitudes ! Et ce n’est pas tout : il faut encore que vous veniez surprendre les plaies honteuses de cette existence déjà si cruelle ! il faut qu’à votre arrivée ma belle-mère, mon mari, ne cessent de m’étourdir de vos louanges comme autrefois mademoiselle de Maran ! Oh ! vous êtes une femme incomparable, soit… mais votre insolent bonheur n’est peut-être pas invulnérable…

La colère et la jalousie dominaient tellement Ursule, qu’elle ne s’aperçut pas de ma stupeur.

En l’entendant ainsi parler de mon insolent