Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/136

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bonheur je m’expliquai les paroles de mademoiselle de Maran, qui m’avait plusieurs fois répété : « Je suis fidèle à nos conventions ; je ne parle pas de toutes ces horreurs de Lugarto à votre cousine : au contraire je lui répète sans cesse que vous avez toujours été la plus heureuse des femmes, que votre sort fait l’envie de tous, et que les bons comme les méchants n’ont pour vous qu’un sentiment — l’adoration. »

Je ne m’étonnai plus. Avec sa perfidie ordinaire, mademoiselle de Maran avait pris à tâche d’exaspérer la jalousie de ma cousine en lui peignant ma vie comme aussi riante qu’elle avait été douloureuse.

En voyant Ursule si indignement irritée du bonheur qu’elle me supposait, je songeai à sa joie si elle pénétrait mes véritables infortunes : moins que jamais je voulus lui donner cette satisfaction.

— Ainsi — lui dis-je — voilà le secret de votre haine ?… vous l’avouez au moins… À cette heure quels sont vos desseins ? Voulez-vous m’enlever mon mari ? Est-ce là la vengeance que vous prétendez tirer de moi ?