Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/146

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enfant, je suis bien faible, bien vieille, et je ne pourrais pas vous défendre.

— Me défendre… et contre qui ?

— Contre votre mari… car, malgré moi, je pense toujours que le prince Kserniki a souvent battu comme plâtre la belle princesse Ksernika, sa femme, pour bien moins que ça, ma foi !

— Je vois avec plaisir, Madame, à ces exagérations, que vous voulez faire une triste plaisanterie.

— Une plaisanterie ? Dieu m’en garde !… Vous ne verrez que trop que rien n’est plus sérieux ; tout ce que je puis, tout ce que je dois faire, comme grand’parente, c’est de m’interposer si les choses allaient trop loin.

Je connaissais trop ma tante pour espérer de la faire s’expliquer et de mettre un terme à ses mystérieuses réticences ; je lui répondis donc avec un sang-froid qui la contraria extrêmement :

— Veuillez m’excuser si je vous quitte, Madame ; je voudrais aller m’habiller pour dîner.

— Allez, allez, chère petite, et faites-vous le plus jolie possible ; ça désarme quelquefois