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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/174

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aurait un moyen beaucoup plus simple et beaucoup plus naturel d’interpréter la persistance de l’attachement que moi et madame de Lancry continuons d’avoir l’un pour l’autre, ce serait de croire que nous vivons en honnêtes gens, que, n’ayant rien à nous reprocher mutuellement, nous méprisons profondément tant d’atroces calomnies, et que nous avons trop de bon sens pour mettre notre bonheur à la merci de la première calomnie venue. Cette version aurait de plus l’avantage d’être la seule possible et vraie ; ce qui n’est pas peu de chose, je crois. En résumé, madame, je ne partage pas pourtant la susceptibilité et la défiance de Mathilde. La pauvre enfant a déjà tant souffert des méchants que, dans son ressentiment un peu aveugle, elle a pu un moment vous confondre avec eux ; elle se trompe, je n’en doute pas ; en nous parlant comme vous faites, vous cédez à l’intérêt que nous vous inspirons, mettez donc le comble à vos bontés, conseillez-nous, que devons nous faire pour convaincre nos amis qu’ils sont dupes d’une calomnie, et pour prouver à nos ennemis qu’ils sont des infâmes.