Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/192

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pour laquelle j’aurais été capable de tout sacrifier. J’aime à dominer impérieusement, et il y a des dominations despotiques presque brutales que j’adorerais. Je suis fausse, dissimulée par nature et par calcul, et quelquefois j’ai des accès de franchise insensée. En un mot, je suis à la fois capable de beaucoup de mal et quelquefois de beaucoup de bien. Oh ! ne souriez pas d’un air incrédule et méprisant, Mathilde… oui, de beaucoup de bien… dans ce moment même, je puis vous en donner une preuve ; sans doute, ce bien est mélangé de mal comme tout ce qui ressort de l’humanité… Mais je crois pourtant que le bien domine, vous allez en juger… Il y a huit jours, nous eûmes ensemble un long entretien où je vous avouai la jalousie que vous m’aviez toujours inspirée ; oui, je vous enviais profondément ; jeune, belle, riche, spirituelle, donnant une grâce irrésistible à la vertu et à la dignité, séduisant enfin par des qualités qui ordinairement imposent… mais n’attirent pas… Je ne voyais rien de plus parfait que vous.

— Ces flatteries…

— Oh ! ce ne sont pas des flatteries, Mathil-