Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/228

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a-t-il pris soudainement tous les caractères de la passion la plus effrénée ?

« Pourquoi n’ai-je pas été séduit par vos qualités, mais par l’audace et la témérité de vos principes ? par l’étincelante ironie de votre esprit ? par cette brûlante éloquence avec laquelle vous peignez si voluptueusement le bouleversement des sens à l’approche de l’homme aimé ?…

« Tenez, Ursule, cette pensée est horrible, il faut que je vous dise tout ; savez-vous pourquoi la possession me laisse si malheureux, si inquiet, si chagrin ? pourquoi elle ne me donne pas sur vous cet ascendant, cet empire qu’elle donne toujours ? pourquoi, enfin, je vous le répète, je suis à vous sans que vous soyez à moi ? C’est… je frémis de le croire… de l’écrire… c’est… c’est qu’il me semble que, vous… vous n’avez cédé ni à l’enivrement de l’amour, ni même à l’entrainement des sens… On dirait que vous avez cédé, non pas à moi, mais à quelque mystérieuse influence qui m’est étrangère.

« Oh ! vous ne saurez jamais ce que vous m’avez laissé de regrets affreux, de désirs